Premier séjour de Dzianis!
Comme plusieurs québécois, Benoit et moi on a entendu parler de l’accident de Tchernobyl quand on était petits. C’était d’ailleurs le nom d’une de mes chansons préférées du groupe Banlieue Rouge au cœur de mon adolescence. On savait bien peu de choses sur cette catastrophe qui nous semblait plutôt mystique, néanmoins on en comprenait la gravité.
Le 26 avril 2016, exactement 30 ans après la catastrophe, c’est en surfant les vagues de l’actualité sur Internet que je suis tombé sur une entrevue de l’organisme Séjour Santé Enfants de Tchernobyl (SSET) diffusée pour l’occasion. La présidente en fonction Joanne Rivest racontait comment elle avait accueilli une petite fille du Belarus pour l’aider à renforcer sa santé et son système immunitaire affaibli par les radiations en l’accueillant chez elle l’été pendant plusieurs années. Elle ajoutait que maintenant elle gardait un lien avec la famille et contribuait à financer ses études.
Il ne fallu pas plus d’une fraction de seconde pour que mon cœur soit profondément touché par cette entrevue. Ici au Québec, on pouvait faire une différence concrète et contribuer à améliorer la santé d’un enfant touché malgré lui par cette catastrophe épouvantable à l’autre bout du monde. Il a dû me falloir un gros 10 minutes pour consulter le site Internet de SSET, appeler mon conjoint et le consulter.. hmmm.. ou plutôt lui annoncer que je voulais VRAIMENT faire ça. Benoit ne se sentait pas autant interpellé que moi, mais il était partant! Lors de ma prochaine pause, j’ai téléphoné SSET pour prendre des renseignements et manifester notre intérêt à accueillir à l’été 2016. À ma grande déception, ce n’était pas si simple, il fallait passer une enquête de sécurité, une entrevue avec visite à domicile et faire émettre un visa pour l’enfant qui s’accompagnait d’une lettre d’invitation. Les billets d’avion du groupe 2016 étaient déjà achetés depuis janvier! En gros, je devais attendre à l’été 2017 pour pouvoir accueillir. Comme pour toutes les choses auxquelles une personne est destinée, ce temps d’attente et ces étapes supplémentaires m’ont parues longues mais l’excitation ressentie à chaque étape qui nous rapprochait du but compensait largement.
Au cours de l’été 2016 on a pu rencontrer des familles d’accueil en plein séjour avec leurs petits invités biélorusses ainsi que l’interprète Larissa. On est tombés sous le charme. Leur expérience semblait formidable. On a aussi rencontré d’autres familles qui comme nous désiraient se lancer dans l’aventure l’été suivant. Ça m’a été touché de voir que les gens qui accueillaient étaient du monde bien normal, certains avaient plusieurs enfants, même en bas âge, certains avaient fini d’élever leur famille et étaient rendus à la retraite, tout le monde ne semblait pas particulièrement riche et avaient bien d’autres choses à faire de leur été. Comme nous, ces gens avaient à cœur le bien être des enfants de la planète et ils étaient prêts à faire le nécessaire pour apporter leur contribution. On était loin de se douter que des liens d’amitié extraordinaires allaient se tisser avec eux.
À l’automne 2016 on eu la visite à domicile de deux personnes de SSET pour nous poser certaines questions, et nous informer plus en détails sur le séjour. On nous a demandé si on préférait accueillir un garçon ou une fille et de quel âge. Je n’avais sincèrement aucune préférence pour le sexe de l’enfant. Benoit lui penchait pour un garçon. Comme il a tendance à céder aux demandes des enfants qui l’entourent, il avait peur de se faire manipuler si c’était une petite fille.. c’est comme ça qu’on a fait notre choix! On a aussi appris que la plupart des familles accueillaient des petites filles, comme les radiations ne font pas de distinctions de genre, j’étais fière de contribuer à rétablir l’équilibre. Pour l’âge, étant donné que les enfants peuvent faire partie du programme de 8 à 16 ans, on a demandé un plus jeune dans l’optique de pouvoir lui faire profiter d’un plus grand nombre de séjours avec nous.
À l’hiver 2017, on a reçu un email de SSET accompagné d’une photo nous annonçant que nous allions accueillir le petit Dzianis Kilessa, qui allait avoir bientôt 8 ans. OMG!! Un petit garçon avec la même date de fête que mon papa ☺ Le courriel était accompagné d’une feuille remplie par les parents pour nous renseigner un peu plus sur l’enfant (ex : s’il a des problèmes de santé de quelques sortes). Dans notre cas, tout ce qui y figurait c’est que Dzianis était intolérant aux clémentines et qu’il n’aimait pas la pizza. Ben coup donc, c’était déjà ça!!
Les choses devenaient de plus en plus concrètes. Je réfléchissais à tout ça, et bien que SSET nous ait dit que les enfants apprenaient le français beaucoup plus vite que nous pouvions apprendre le russe, je me disais que ce serait bien qu’on soit capable de communiquer un minimum avec le petit, ne serait-ce que pour les urgences. J’ai donc décidé de m’inscrire à l’atelier Russe I à l’Université de Montréal! Mon père décida de m’accompagner (- : En apprenant l’alphabet et différents mots qui n’ont absolument rien à voir avec le français, je réalisais l’ampleur du choc linguistique que cet enfant allait vivre. Notre prof extraordinaire et très généreuse de son temps nous faisait découvrir la culture russe, bien différente de la notre et à mes yeux tout à fait fascinante.
Pour faire venir Dzianis au Canada, on devait débourser 2000$, pour acheter son billet d’avion et son visa, en plus de tous les frais occasionnés durant son séjour. Le 2000$ serait éventuellement déductible d’impôts, il fallait quand même le payer. On venait tout juste d’acheter un duplex, on n’avait pas de locataires car on venait d’entamer des gros travaux de rénovations. Pour nous aider à y arriver et dans mon cas aussi pour passer le temps d’attente, on s’est lancé dans une campagne de financement de recettes en pot qui grâce au soutien de nos proches et amis connu somme toute un grand succès! ☺
L’arrivée
Quatorze mois après avoir écouté l’entrevue de Joanne, le 23 juin 2017, Dzianis atterri à Pierre Eliott Trudeau pour la première fois! Benoit et moi on était encore en plein chantier. J’avais pris un congé par étalement de 6 semaines pour l’été car j’anticipais que cette expérience me demande d’être présente. La veille, à l’épicerie j’appelais ma sœur Marlène qui travaille dans un service de garde en panique pour savoir qu’est-ce que je devrais acheter comme collations, j’avais lu quelque part que les enfants devaient en manger souvent. Barres tendres, yogourt, biscuits, craquelins au fromage, mon panier était plein! Quelques heures avant, Benoit de son côté était en train de monter le lit mezzanine IKEA de Dzianis et d’en couper les pattes pour pas qu’il se pette la tête au plafond! On était comme vous pouvez le constater tout ce qu’il y a de plus prêt et de plus zen pour se lancer dans une telle aventure.. ☺
Durant la journée du 23, on a reçu une photo du groupe et des interprètes à l’aéroport de Minsk, ça y est plus moyen de reculer.. En fin de journée, rendus aux arrivées à YUL en rencontrant toutes les autres familles, je vous dis pas les papillons qu’on avait. On attendait un petit pou de 8 ans qu’on n’avait jamais vu de notre vie, qui ne parlait pas notre langue et qui allait passer les six prochaines semaines avec nous non stop. Cette année-là les enfants étaient placés en ligne selon la distance entre le lieu de résidence de la famille d’accueil et l’aéroport. On est situés à 11km de Dorval, Dzianis était le dernier dans la file. Malgré un voyage de plus de 12hres et le décalage horaire, il swignait sa valise d’un bord à l’autre avec tellement d’énergie qu’on avait peur qu’elle se ramasse 10 pieds plus loin. On se demandait si c’était un signe de son niveau d’énergie! Finalement vient notre tour de rencontrer Dzianis, l’interprète est présente et elle nous dit que le voyage s’était bien passé, Dzianis va bien et il n’a pas faim. On lui donne notre petit cadeau d’arrivée pour respecter la coutume. Il a l’air content de ses figurines mais sans plus. Bon ben, on va y aller. La distance entre le terminal et le stationnement ne ma jamais parue aussi longue de ma vie. Je ne savais pas quoi dire, j’ai eu quelque rires nerveux, je sortais mon russe de maternelle pour essayer de communiquer (genre je vois des vélos dessinés au sol et je dis «vélos»..), Dzianis n’avait pas l’air de trop comprendre mais voulait être aimable et souriait!
Rendus à la maison, c’est à son tour de nous donner ses cadeaux de remerciement. On ouvre sa valise pour constater que ce qui nous est destiné prend toute la place. Il y a seulement quelques sous-vêtements et paires de bas à lui, un maillot de bain et trois t-shirts. On s’était fait raconté que c’était plutôt la norme par des familles d’accueil expérimentées, ça nous fait quand même un pincement de voir un si maigre baluchon pour ce petit homme qui se déposait chez-nous pour 6 semaines.
La première nuit, Benoit a à peine fermé l’œil, il ne pouvait pas s’empêcher de se mettre dans la peau du petit, et de s’imaginer comment ça aurait été pour lui de vivre une telle expérience à huit ans. Il se préparait à se faire réveiller à tout bout de champ. Ça n’est pas arrivé.
Premier jour
Le lendemain matin, à 6am, Dzianis était debout et en pleine forme! N’ayant aucune idée de ce qu’il mangeait au Belarus on lui a offert des céréales, on a opté pour une valeur sûre, des corn puffs ☺ Après ne pas savoir quoi faire avec lui pendant ce qui m’a paru une journée plus tard, soit vers 7am, on est allé dehors pour jouer au soccer. C’est ainsi que contrairement à notre habitude, en ce beau samedi matin, il n’était même pas 10 AM et on avait déjà déjeuné, été au parc et pris nos douches!! Benoit et moi qui n’avons pas d’enfants on s’est regardé et on s’est dit «on tiendra jamais 6 semaines!» Enfin, malgré le décalage, un tout nouvel environnement physique et linguistique et l’absence de ses parents, Dzianis semblait tout content qu’on s’occupe de lui. Pour nous c’était ça l’important, au diable le reste!
Tranches de vie sur la bouffe
Dzianis venait au Canada pour sa santé, la première année je prenais ça très au sérieux. N’étant pas une grande adepte de cuisiner, j’avais décidé de m’y mettre pour la cause en utilisant des ingrédients 100% bios!! Je me rappellerai toujours d’un des premiers soupers de Dzianis, dans lequel j’avais préparé une salade. Il avait prit une bouché, puis il semblait mangé le restant de son assiette vraiment tranquillement. Benoit et moi on trouvait ça bizarre, et à un moment donné on décide de lui demander s’il aime la salade. Notre mode de communication se limitant à pouce en l’air, pouce de côté ou pouce par en bas pour j’aime, moyen ou j’aime pas. On se fait présenter un petit pouce vers le bas. On lui dit qu’il n’a pas besoin de la manger. Il se lève et va cracher sa bouché de salade qu’il avait gardé dans sa bouche pendant au moins un bon 5 minutes! Pauvre ti-loup!
Dzianis était plutôt difficile côté nourriture, comme plusieurs enfants sûrement.. et Benoit! Chose certaine il aimait beaucoup les patates, sous toutes leurs formes! La première année, dès qu’on s’éloignait un peu des saveurs steak, hot-dog, pâtes sans sauce, ça passait difficilement. Par contre il ADORAIT les croquettes de poulet. Devant son manque d’appétit face à tout ce que je cuisinais, j’ai fini par abdiqué (j’avais peur qu’il perde du poids), et on en a mangé (des bios.) littéralement tout l’été, tellement qu’on a finit par inventer un refrain thématique sur les croquettes de poulet qu’on chantait avec lui quand on lui demandait ce qu’il voulait manger (- :
Un moment donné je décide de l’amener avec moi à l’épicerie. Je lui demande quels légumes il aime, question de les cuisiner. Il me pointe une échalote. Je me dis qu’il doit se tromper de légume, et je n’en achète pas. Erreur! Quelle ne fut pas ma surprise en allant chez une de mes amies, qui avait fait venir un plateau de saumon fumé de le voir se ramasser une échalote décorative et croquer dedans à grandes dents!! J’en ai mis dans mon panier le restant de l’été ☺
Malgré mes essais à répétition de varier un temps soit peu le menu, même en faisant des choses très simples, rien ne fonctionnait. Dzianis mangeait toujours peu et presque pas le matin. Un beau jour ma sœur Brigitte, maman de quatre filles est venue nous voir pour le rencontrer et nous a apporté un pot de soupe au poulet en cadeau (sa recette maison). Eh ben, ce soir-là pour la première fois depuis son arrivée on a vu notre petit biélorusse manger avec appétit et en redemander! On s’est dit qu’un plat cuisiné par une vraie maman ça faisait toute la différence!! Ma sœur a eut l’immense gentillesse de nous en apporter d’autres pots au cours de l’été ☺
L’interprète Larissa est venue nous rendre visite à mi-parcours. On a vraiment apprécié sa présence. Lors de son passage elle a décidé de faire de la soupe Bortsch et des blinis en quantité astronomique. Hourra!!! Il mangeait encore avec appétit!! J’ai quand même ri parce qu’une fois l’interprète repartie, notre petit coco s’est mis à sélectionner les boulettes de viande dans le fond de sa soupe en me demandant de finir son bouillon ☺ Lors du passage de Larissa, on a pu poser des questions et on a appris que Dzianis se levait seul pour aller à l’école et qu’il n’avait pas l’habitude de déjeuner. Eureka, ça expliquait probablement en partie pourquoi il paraissait peu intéressé à mes meilleures gaufres à la Belge (full beurre) même servies avec Nutella ou crème fouettée en accompagnement.
La pectine
La pectine de pomme est reconnue scientifiquement pour diminuer le taux de radiation dans le sang. Il semblerait que pour que le traitement fonctionne il faut que la personne soit hors d’une zone non-contaminée. Ainsi, les familles d’accueil se concertent chaque année pour décider si oui ou non elles iront de l’avant et offriront de la pectine aux enfants. Si oui, elles paient 20$ supplémentaires pour acheter trois pots de cachets. La dose recommandée est trois le matin et trois le soir.
Pour nous, la prise de pectine était tout un combat. Comme j’ai déjà mentionné, je prenais mon rôle face à la santé de Dzianis très au sérieux car je me disais que si les parents d’un petit bonhomme de huit ans le lassaient partir seul et aussi loin avec des inconnus tout un été c’est que la situation devait être grave et je voulais être à la hauteur. J’étais donc VRAIMENT décidé à ce que Dzianis prenne sa pectine pour que les radiations dans son sang diminuent. Cependant, Dzianis lui n’aimait vraiment pas le goût du produit. Benoit et moi on l’a testé pour voir ce que ça goûtait et selon nous c’était pas à se jeter par terre mais pas mauvais non plus.
Chaque matin et chaque soir, on a essayé pendant plusieurs semaines de je ne sais pas combien de manières de la lui faire avaler. Broyée dans du jus d’orange, du jus de fruits, du jus de pomme, dans du yogourt, simplement à croquer avec de l’eau. Des fois il attendait que la poudre descende dans le fond et il buvait le jus en nous redonnant le verre avec les résidus ou bien il prenait 20 minutes avant de commencer boire. Il finissait toujours par la prendre mais avec beaucoup d’efforts. On avait beau appeler l’interprète pour s’expliquer, et elle nous soutenir, le petit ne voulait rien savoir.
Avec du recul ça a pas mal miné notre séjour d’argumenter de la sorte deux fois par jour et je n’aurai pas dû autant insister. En parlant avec d’autres familles d’accueil qu’on connaissait et qui semblaient n’avoir aucun problème, je me sentais mal et je me disais que c’était moi qui devais trouver comment m’y prendre. À la fin du séjour on a rencontré une autre famille qui comme nous avaient eu de la difficulté avec la pectine et eux ils avaient décidé d’abandonner en début de parcours. Ils étaient parents de grands enfants, avoir su avant je me serais fié à leur expérience ! Dans le fond, Dzianis était déjà loin des radiations et son système immunitaire pouvait faire son travail sans embuches majeures. Oh well, «Practice makes perfect»!!
Les activités
Sachant que Dzianis passerait beaucoup de temps avec deux adultes (nous!), quelques mois avant son arrivée, on a proposé à ses parents de l’inscrire à un sport d’été pour qu’il ait du fun et qu’il interagisse avec d’autres enfants. Ils étaient d’accord et Dzianis aussi. On leur a présenté deux ou trois choix de sports. Le soccer avait gagné haut la main! Moins d’une semaine après son arrivée, Dzianis a donc participé à son premier match au Canada en rejoignant une équipe formée depuis quelques semaines déjà. Il était bon!! Il savait vraiment bien comment se placer sur le terrain et jouer en équipe. Après sa première partie tous les autres parents voulaient qu’on revienne avec lui! En plus, coup de chance total, dans la communauté hyper multi culturelle du West Island où on habite il y avait un couple de parents bulgares dans l’équipe qui comprenaient le Russe et étaient capable de traduire les instructions du coach ☺
Autrement, on a essayé d’initier Dzianis aux sports qu’on pensait intéressants pour lui. On n’a pas eu beaucoup de succès avec le vélo, les patins à roues alignées ou la trottinette. Ben coup donc, à la fin de l’été on était plus habile que jamais avec un ballon soccer!!
Une des choses que Dzianis aimait plus que tout c’était se baigner. Peu importe où on allait, s’il y avait une piscine il pouvait passer tout son temps dedans! On est vite devenus des adeptes des partys piscine. On réalisé que ça devait faire partie de la qualité de vie de certains parents, soit être assis à côté d’une piscine dans laquelle il y a plusieurs enfants qui s’amusent et jaser avec des chips et une bière en gardant un œil sur ce qui se passe ☺
À la maison, ça alternait surtout entre légos, jeux de société et jouets dans sa cambre. Le temps tablette et play station était compté. En tant qu’apprentis-parents, la première fois qu’il a fallu l’arrêter de jouer à un jeu vidéo, notre courbe d’apprentissage a fait un grand bond. On a juste dit à Dzianis « c’est fini, c’est le temps d’y aller ». Disons qu’il n’était pas des plus enchantés. C’est comme ça, sur le tas, qu’on a découvert qu’il valait mieux donner plusieurs préavis avant un départ!
Les amis
En 2017, un autre couple accueillait également un garçon. En se croisant dans différents évènements SSET avec un autre couple parent et voisin à eux qui accueillaient une pette fille, on a jasé et décider de s’organiser pour faire en sorte que les enfants se voient et jouent ensemble. Les activités effectuées entre boys ont été incontestablement dans les meilleurs moments vécus par Dzianis. On l’entendait à son débit de paroles en Russe et à ses rires spontanés provenant du cœur. On s’est organisés pour se voir environ 5-6 fois, pour différentes occasions (cueillette de fraises, baignades, la ronde, baignade au lac). C’était vraiment plaisant!
Le contact avec les parents
À son arrivée, on a permis à Dzianis de contacter ses parents via skype pour leur dire qu’il était bien arrivé. On lui dit qu’il pouvait leur parler quand il voulait. À notre grande surprise il ne cherchait pas souvent à leur parler. C’est nous qui devait lui rappeler. Par contre au moins deux fois il a décidé de le faire sans nous le demander au beau milieu de la soirée, ce qui tombait en pleine nuit au Belarus! On entendait des voix endormies mais bien contentes de l’autre côté ☺ Lors de son passage on a demandé à l’interprète de lui expliquer la notion du décalage horaire, le pourquoi il devait valider avec nous si c’était ok.. ☺
Le dentiste
Lors de notre entrevue à domicile avec SSET, on nous a suggéré, si c’était possible pour nous, de prendre contact avec un dentiste pour faire faire un examen et les soins nécessaires pour Dzianis car les dentistes dans les villages d’où proviennent les enfants ne sont pas toujours de accessibles ou de qualité équivalente à ceux du Canada. Plusieurs familles réussissaient à faire bénéficier leurs petits protégés de ce service gratuitement de la part de leur dentiste. Le miens, pourtant originaire de Russie n’a pas accepté.
Grâce à Céline, une grande amie à Benoit, on est entré en contact avec un dentiste de Joliette qui a accepté de le prendre gratuitement! Je ne savais pas ce que c’était un enfant stressé jusqu’ à la journée de l’examen chez le dentiste. Je croyais que l’esprit de Dzianis avait été échangé pour celui d’un petit bougon au caractère difficile. Et ben non, il avait juste peur. On s’était organisé pour avoir l’interprète avec nous ce jour-là mais elle avait du prolonger son séjour dans une autre famille. On a finalement réussi à avoir Katia, jeune fille de 18 ans qui avait été accueilli plusieurs années par la présidente de SSET et qui était en visite pour nous accompagner. Ça s’est bien passé. Cependant, Dzianis n’a pas voulu faire plomber ses caries, et ce malgré une séance Skype live avec sa mère, sa sœur et sa grand-mère qui ont toutes tenté de le convaincre.
Armé de nos radiographies, on a réussi à trouver un autre rv avec une dentiste de Laval pour se ressayer avant la fin du séjour. Cette dernière a accepté de nous prendre en nous faisant payer uniquement les matériaux. Cette-fois ci, accompagné de l’interprète, ça s’est vraiment bien passé!
Les activités SSET
Une semaine après leur arrivée, toutes les familles d’accueil se réunissent pour un Pique Nique, en pleine période d’adaptation pour tout le monde, on se rencontre, les enfants parlent leur langue, ils côtoient l’interprète et jouent ensemble. Ça leur fait un bien fou! Les familles d’accueil peuvent également parler de comment ça se passe. Ils peuvent échanger des trucs et des expériences, c’est vraiment l’fun!
À la fin du séjour, quelques jours avant le départ, SSET organise un souper dans un restaurant russe. Les enfants ont la chance de se revoir, pour ceux qui étaient loin c’est parfois la première fois de l’été. Ils mangent de la nourriture de leur pays, ils se raconte des brides de leur été, il dansent et pour certains font des mauvais coups de leur âge.. ☺ Le premier souper russe auquel j’ai assisté a été mémorable pour moi, je ne savais pas que Dzianis aimait danser, et qu’il dansait vraiment bien!! On l’a regardé et on n’en revenait juste pas. C’était impressionnant et beau de le voir aussi heureux.
Le départ
Vers la fin du séjour, l’excitation battait son plein, on sentait que notre petit coco avait vraiment hâte de revoir ses proches. De notre côté, on s’organisait pour acheter des fournitures d’école, des trucs utiles, des petits cadeaux pour les parents en remplissant la valise à capacité maximale. Benoit et moi on avait été acheté des vêtements et souliers neufs à Dzianis en début de séjour, et je me rappelle qu’il ne voulait pas rapporter une des paires qu’il avait lui-même choisi. Il disait qu’elle lui faisait mal aux pieds. J’avais beau lui expliquer qu’il pourrait la donner à quelqu’un là-bas, rien à faire. Impossible de faire entrer la fameuse paire de souliers dans le bagage. Première fois que je perdais une bataille pour un argument dont je ne comprenais vraiment pas la logique.. bienvenue dans le monde de la parentalité d’accueil.. ☺
Plus la date de retour approchait plus je commençais à avoir une boule dans la gorge. Benoit lui avait pas mal atteint sa capacité de prendre soin d’un petit biélorusse pour l’été et il n’avait pas ce sentiment. Quand on abordait son départ, Dzianis avait parfois l’air triste et on voyait qu’il était un peu déchiré. Finalement, rendu à l’aéroport, après s’être procuré son billet, il s’est mis à parlé avec ses amis et il ne nous répondait presque plus. C’est à ce moment qu’on a compris qu’il venait de coupé le lien avec nous et que dans sa tête il était déjà un peu rendu chez-lui. On a reçu une super belle photo tout sourire de lui et son père à l’aéroport de Minsk une demi-journée plus tard.
Pour la deuxième fois de l’été Benoit et moi on est allés manger au resto seuls ensemble, on a décantés de tout ça tranquillement avec un verre de vin blanc. Je m’étais attachée plus que je ne le croyais. J’avais de la peine et je trouvais ça vraiment difficile. On a quand même décidé de se donner quelques semaines pour statuer si on recommençait l’expérience l’année suivante. À l’aéroport plusieurs familles également très attachées nous ont partagé que pour elles c’était clair, elles allaient assurément accueillir à nouveau l’année suivante.
Quelle différence ça a fait? On le refait?
À l’aéroport de Minsk, avant de partir pour le Canada, le taux de radiation dans le corps des enfants est mesuré. La mesure est prise à nouveau à leur retour. Cela permet aux parents et aux familles d’accueil de connaître l’impact réel du séjour sur la santé de l’enfant. Quelques semaines après le retour de Dzianis au Belarus, on a reçu les résultats et constaté que son séjour avec nous avait permis de faire diminuer la contamination dans son corps de 15%. Personnellement, de prime abord j’ai pris ça comme un échec car certains avaient diminué de 75%! À quoi bon l’avoir forcé à prendre sa pectine et fait manger bio tout l’été!! J’ai constaté que Dzianis n’était pas un des enfants les plus contaminés, et c’était donc normal que ça baisse un peu moins. Après avoir fait un eu de recherche sur le sujet, j’ai aussi compris que c’est en grande partie le système immunitaire de l’enfant qui détermine l’ampleur de la baisse des radiations, quelque chose sur quoi personne n’a de réel contrôle.
Aux alentours du mois de novembre, Benoit et moi on s’est décidé et il était clair qu’on allait réinviter Dzianis pour une deuxième année. Personnellement, cette expérience qui n’avait pas été tout le temps facile avait été une des plus enrichissantes de toute ma vie. À moins d’un empêchement majeur, je ne voyais vraiment pas pourquoi on ne récidiverait pas. C’est ainsi que nous avons parlé à nos nouveaux amis qui avaient également accueillis pour la première fois à l’été 2017, qui ont également décidé de faire pareil de leur côté et que nous avons écris à Larissa pour lui faire part de notre intention. Avec pratqiquement autant de papillons que la première fois, nous avons reçu la réponse dans le coin du mois de décembre comme quoi Dzianis désirait également revenir! ☺